Le paradoxe de l'être mourant chez St Augustin et chez Leibniz
Lorenzo Peña
Le travail constitue un commentaire de deux textes célèbres, l'un de St Augustin, dans le livre XIII de la Cité de Dieu, l'autre du Pacidius Philaleti de Leibniz. C'est surtout le premier qui sera soumis à l'examen. Pour que la mort puisse être en train d'être subie comme une infortune, il faut qu'on soit encore en vie. Lorsqu'on n'a plus la vie, on est privé de perceptions, et par suite on ne saurait rien ressentir, ni de bon ni de mauvais. Or le mal que la mort renferme n'est pas seulement le manque de certains biens, mais une transition qu'on peut, du moins dans certains cas, éprouver comme douloureuse.
Mais d'un autre côté, avant qu'on ne soit mort on est encore en vie, donc on est vivant. Les morts ne sont plus des mourants, mais des vivants peuvent-ils être des mourants? S'il n'y a pas de temps de la mort, si aucune durée ne saurait être celle pendant laquelle la mort est en train de se produire, quand peut-on dire que la mort existe? À travers les difficultés considérées une solution commence à percer, celle qui consiste à s'avancer plus loin que le principe de non-contradiction, ou plutôt à le nuancer, à en reconnaître les limites, à se rendre compte que la vie et la mort coexistent, justement pendant la période où l'on est en train de mourir. C'est donc pendant [une partie de] la durée de la vie qu'on peut dire de quelqu'un qu'il est un mourant, pour autant qu'il sent venir la mort (ou, si l'on veut, l'état d'après-vie).On retrouve dans la plume de Leibniz les mêmes arguments, les mêmes questions, voire les mêmes expressions. La solution qu'il y esquisse est si loin d'être satisfaisante que Leibniz s'en départira dans ses études postérieures. Quoi qu'il en soit, les deux approches nous sont précieuses pour tenter d'y voir clair.
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